Synosis

Dans le comté d’Essex au sud-est de Londres, Mia, jeune fille de 15 ans, se heurte à l’hostilité du monde qui l’entoure. En rupture scolaire, sans amis, elle vit avec sa mère, violente et dépassée, et sa petite soeur Tyler, colérique et grossière. Mia assouvit sa passion pour la danse dans un squat et semble s’être fixée comme objectif de libérer une jument dans un campement gitan. La rencontre avec Connor, nouvel amant de sa mère, va bouleverser les repères de Mia. Connor est séduisant, souriant et calme et devient pour la jeune fille une figure paternelle tout en suscitant son désir. Alors qu’elle se rapproche de Billy, l’un des gitans, et qu’elle s’entraîne afin d’obtenir une audition pour être danseuse, ses rapports avec Connor deviennent de plus en plus ambigus, jusqu’à une nuit passée ensemble. Après le départ de Connor le lendemain, Mia se rend chez lui et découvre qu’il est marié et père d’une petite fille, Keira. Sous l’impulsion de la colère elle kidnappe Keira et la jette dans l’estuaire avant de la sauver et de la ramener chez elle. Elle décide au dernier moment de ne pas passer l’audition et rend visite à Billy qui lui apprend la mort de la jument. Au lieu de rentrer comme prévu dans un centre pour mineurs délinquants, elle décide de changer d’univers et de suivre Billy à Cardiff.

PRESENTATION


« FISH TANK », œuvre d’ Andréa Arnold, jeune réalisatrice britannique, ayant reçu le prix du jury à Cannes en 2009, nous livre le portrait d’une adolescente, Mia, vivant dans une banlieue populaire à l’est de Londres.

Le titre un peu énigmatique « l’aquarium » renvoie au monde que Mia refuse d’intégrer : une famille avec une mère célibataire presqu’aussi ado qu’elle, une petite sœur qui l’exaspère, des camarades qu’elle juge niaises, un environnement gris de ghetto social. Seul bonheur dans sa vie : son amour du Hip Hop.

Le film est dur et sans concession, Mia évolue au début d’injures en coups de boule distribués à qui l’ennuie, révoltée permanente, agressive et souvent grossière.
Un film à la Ken Loach donc mais pas seulement.

Le film peut être en effet analysé sous bien des aspects :
Film social dans la veine des auteurs anglo-saxons, mais aussi et c’est assez rare dans le cinéma, portrait toute en finesse d’UNE adolescente et de son parcours vers l’âge adulte.
Bloc d’agressivité, Mia est aussi capable de douceur avec un vieux cheval attaché sur un camp de gitans et promis à l’abattoir. Asociale, elle se laissera émouvoir par le nouvel amant de sa mère, à la fois image d’un père absent et d’un amour possible.
Rien n’est manichéen dans le film mais tout, malgré la brutalité des faits et du langage, est traité avec beaucoup de finesse. Personnages ambigus, ni tout à fait noirs, ni jamais tout à fait blancs, peinture des désirs et des espoirs d’une jeunesse défavorisée, portrait sans concession mais sachant être nuancé du monde des adultes.

Les enseignants trouveront donc dans ce film de nombreuses thématiques à étudier avec leurs élèves mais le travail le plus intéressant sera d’analyser combien la démarche de réalisation d’Andrea Arnold sert le propos, occasion de faire une véritable initiation au langage cinématographique et à sa richesse : structure narrative du film, mise scène à la fois réaliste et fictionnelle, traitement magistral des espaces (que ce soit celui confiné de l’appartement, ou celui des extérieurs à la fois désolés et poétiques), utilisation de partis-pris cinématographiques forts comme la profondeur de champ, la caméra portée, le contre-champ et l’ellipse, pour n’en citer que quelques-uns.

Bref un film qui parlera aux élèves et qui suscitera à la fois débat thématique et étude stylistique d’une grande richesse.

Brigitte Guyot–Martin, professeure cinéma - audiovisuel

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire